Voici donc cinq bonnes raisons de ne pas succomber au charme des sujets probables et de renvoyer Mme Irma à ses études...

1/ Croire aux sujets probables, c’est se donner le droit de faire une impasse. Ce n'est franchement pas une bonne idée. À ma connaissance, pas un prof ne vous engagera dans cette voie, car justement, c’est une impasse.
2/ Croire que les sujets sont choisis en fonction de l’actualité : c’est mal comprendre la souffrance des correcteurs. Rien de pire en effet que de lire et relire dans son paquet de copies les mêmes références à une actualité souvent mal maîtrisée. Les auteurs des sujets évitent d’exposer leurs collègues à ce risque, ils trouvent des sujets en rapport avec les programmes qui sont mis à jour tous les 4 ans environ, autant dire que ce n’est pas de l’actualité chaude.
3/ Croire que les sujets probables se déduisent des années précédentes : c’est penser que l’avenir est déjà lisible dans le passé. C’est la pseudo méthode la plus souvent mise en avant par les éditeurs des papiers sur les sujets probables. Ils raisonnent ainsi : "puisque ce n'est pas tombé, ça peut tomber" ou "puisque c’est déjà tombé, ça ne retombera pas". Cette année, l’exercice est rigoureusement impossible dans certaines disciplines, car les programmes ou méthodes d’évaluation ont changé, il n’y a pas d’historique. Laissez de côté les sujets probables en histoire-géo, SES et physique-chimie... En réalité, les sujets sont tirés au sort, parmi une liste de sujets préparés durant l’hiver. C’est donc le hasard qui a le dernier mot.
4/ Croire aux sujets probables, c’est penser que vous serez évalués sur vos seules connaissances. Oui, avoir des connaissances compte un peu. Vous terminez une bonne douzaine d’années d’étude, on est donc en droit d’espérer que vous aurez retenu une ou deux dates, un ou deux auteurs. Certes, mais le correcteur évalue aussi vos compétences. Savez-vous construire un raisonnement ? Votre raisonnement est-il rigoureux ? Votre expression est-elle correcte dans cette langue étrangère ? Bref, votre copie est également le moyen d’évaluer des compétences indépendantes du sujet, probable ou pas.
5/ Croire aux sujets probables, c’est souvent entrer dans le psychodrame que certains élèves aiment à jouer. Il y est question de "catastrophe", de "je suis pas prêt, je ne le serai jamais" ou bien "c’est une loterie" et encore "mon prof est nul, on est pas prêts". Il y a dans le bac une petite dimension de rite initiatique version républicaine, de passage rituel à l’âge adulte. La discussion au café du lycée sur les sujets fait partie de ce rituel, on peut ne pas en être complètement dupe.
Je pense donc qu'il faut oublier le passé pour se donner un avenir, mais c'est sujet qui tombera pas puisqu'il est déjà tombé 
